- Le roi déchu !
- Sarkozy se prend pour le roi, il agit en roi, il réfléchit en roi. Il y a lui, sa cour, ses amis et les gueux (peuple Français). Nous sommes en République ! Mais le roi s'en tape.
- Mercredi 20 octobre à 07h34
Près de six Français sur dix
sont favorables à la poursuite du mouvement contre la réforme des
retraites même après la probable adoption du texte au Sénat, selon
un sondage BVA-Absoluce pour Les Échos et France Info.
Selon cette enquête, 59% des
sondés se disent "favorables à ce que les syndicats
poursuivent leurs appels à des mouvements de grève et à des
manifestations après l'adoption du texte de la réforme des
retraites par le Parlement".
Ils
sont 40% à penser le contraire, et 1% ne se prononcent pas.
Par
ailleurs, 62% des sondés demandent au président Nicolas Sarkozy de
faire une pause dans les réformes, et plus des deux tiers (68%)
jugent "mauvaise" la politique économique menée par le
gouvernement.
Le
sondage a été réalisé par téléphone les 15 et 16 octobre auprès
de 1.005 personnes âgées de 15 ans et plus.
Elizabeth
Pineau, édité par Jean-Loup Fiévet :
Au
lendemain de la sixième journée d'action contre le projet de
réforme des retraites, la presse se demande mercredi comment sortir
de la crise alors que la mobilisation ne faiblit pas, que Nicolas
Sarkozy demeure inflexible, que les blocages se poursuivent et que
les casseurs font leur irruption.
Pour Dominique Seux dans Les Échos, Nicolas Sarkozy aurait intérêt à offrir aux organisations
syndicales «non pas une porte de sortie mais des signes tangibles»
que la porte «du dialogue social reste grande ouverte».
Dans
La Croix, François Ernenwein constate que «la France continue ainsi
à vivre un nouveau psychodrame autour des changements nécessaires»
et qu'à ce jeu, «il n'y aura bien entendu que des perdants».
Philippe Waucampt du Républicain Lorrain estime que «nous sommes
arrivés au point où la radicalisation du mouvement est susceptible
de provoquer des coups de grisou dont nul ne peut prédire les
capacités dévastatrices».
«Ce
sera une victoire à la Pyrrhus» :
«Le
problème est qu'il est déjà tard, la crispation de chaque camp sur
sa conviction d'avoir raison en bloc n'ayant pas arrêté le temps»,
souligne André Schlecht dans L'Alsace. Daniel Ruiz dans La Montagne
ajoute qu'«à coup sûr le chef de l'État va remporter la bataille
de la légalité en faisant adopter sa loi par le parlement» mais
que «ce sera une victoire à la Pyrrhus».
La
«radicalisation du conflit», selon Hervé Favre de La Voix du Nord,
pourrait cependant tourner à l'avantage du chef de l'État en
«faisant perdre aux syndicats le soutien de l'opinion mesuré
jusqu'à présent par les enquêtes».
Paru
su libération.fr :
Séquence
inquiétante pour la majorité. Le rêve élyséen d’une réforme
des retraites adoptée au forceps, permettant d’asseoir l’image
d’un président courageux, est en passe de virer au cauchemar.
Hier, et pour la sixième fois depuis la rentrée, les Français sont
descendus massivement dans la rue. Une mobilisation équivalente au
record du 12 octobre (3,5 millions) selon la CGT, un peu en
baisse (1,1 million contre 1,2) d’après le ministère de
l’Intérieur. Certaines villes comme Toulouse ou Rennes ont même
connu leur plus forte participation depuis le début du mouvement.
A
Paris, l’imposant cortège a défilé sans incident majeur,
renforcé par des milliers de jeunes. Dès le matin, les lycéens se
sont mobilisés, bloquant un nombre record d’établissements (379
selon l’Éducation Nationale). Les perturbations continuaient
également dans les raffineries, les aéroports ou à la SNCF. Le
pays a même dû importer de l’électricité ces deux derniers
jours pour faire face aux baisses de production liées aux grèves à
EDF. La France s’enfonce dans la crise et 79 % des Français, selon
notre sondage, exigent désormais du gouvernement qu’il renégocie
son projet (lire page 3).
Hors
jeu. Bref, le scénario dur vendu par les conseillers de l’Élysée
à un Président très demandeur semble déraper. Pouvait-il en être
autrement ? Quelle pièce espérait jouer Sarkozy en consignant
la moitié des acteurs dans les loges ? Le jeu social a ses
nuances, mais s’accommode mal du monologue. Or, depuis le début,
le président de la République a cru pouvoir se passer des
syndicats. De tous les syndicats. Réussissant le tour de force
d’unir contre lui, et depuis six mois, l’ensemble des
confédérations. «Dès le départ, le gouvernement a mis en place
une "concertation" qui n’en avait que le nom, peste
Jacques Voisin, le président plutôt modéré de la CFTC. Un
dialogue de sourds dont nous n’avions d’éventuels retours que
par médias interposés.»
Même
sentiment de «vrai gâchis» pour le réformiste Alain Olive,
responsable de l’UNSA : «Je ne dis pas que la négo aurait
été facile mais là, le pouvoir a délibérément choisi de mettre
les syndicats hors jeu». Un choix rendant «impossible la recherche
d’un compromis social» et laissant «les acteurs politiques seuls
maîtres du jeu». Même quand il s’est agi d’adoucir le texte,
«le ministre du Travail refermait aussitôt les portes que nous
essayions d’entrouvrir», rapporte Laurent Berger, de la CFDT. Du
coup, et à défaut de dialogue social, «le pouvoir a décidé
d’attendre de voir à chaque manif s’il y aurait plus de monde,
avant de lâcher quelque chose, décrypte un dirigeant syndical. Mais
en procédant ainsi, il a créé lui-même un climat de surenchère».
Même la main tendue par la CFDT il y a quinze jours, proposant de
geler provisoirement le recul de l’âge du taux plein à 67 ans, a
été sèchement repoussée par le gouvernement. Une concession qui
n’aurait pourtant rien coûté, la mesure ne s’appliquant pas
avant six ans. Et qui aurait surtout permis à l’Élysée d’enfoncer
un coin dans l’intersyndicale.
Marqueur :
«Nicolas Sarkozy a privilégié un clivage politique, où les
partenaires sociaux n’ont pas leur place, analyse un dirigeant
confédéral. Mais en matière sociale, on ne joue pas sans les corps
intermédiaires, ou alors nous n’avons plus de raison d’être.»
Reproche identique à la CGT : «Le Président a politisé la
réforme dès le début, la présentant comme un marqueur de son
quinquennat, explique Éric Aubin. Une grosse erreur qu’il paie
aujourd’hui dans la rue.» Même la CGC (syndicat des cadres),
favorable au recul de l’âge légal et qui devrait quitter
l’intersyndicale après le vote de la loi, n’a pas eu de mots
assez durs contre le gouvernement ces dernières semaines. Quant au
responsable de l’UNEF (étudiants), il n’a pas été reçu une
seule fois par le ministre du Travail, Éric Woerth, «alors que nous
en avions fait la demande à plusieurs reprises, se plaint son
président, Jean-Baptiste Prévost. A croire que le tête à tête
entre jeunes et police les arrange».
Le
face à face avec les jeunes, les salariés, les Français en
général, est même la marque de fabrique du chef de l’État. Mais
en squeezant les syndicats, il s’est aussi privé d’intermédiaires
cruciaux dans cette crise. Et se retrouve désormais seul face à la
base. «Avec la mobilisation d’aujourd’hui, impossible de ne pas
appeler à une nouvelle journée», glissait un dirigeant réformiste
hier, pourtant tenté de lever le pied après le vote de la loi
demain. «En nous marginalisant, Sarkozy a ainsi transféré le
pouvoir à la rue.» Problème : la rue, elle, ne négocie
jamais.
Article
également paru sur Libération.fr.
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